MOL : LA COURSE
Cela fait déjà mon 3ème mondial auquel je participe. 3ème en 2006 et 4ème en 2007. J'avais largement "les jambes" pour avoir ce maillot mais pas de chance, et sur 30' de course si la chance ne vient pas faire un petit coucou, il est presque impossible de se rattraper. En cyclo-cross, le départ est primordial car cela peut se jouer dans les tous premiers mètres de la course mais au mondial, il y a un tirage au sort des places sur la grille de départ et là, bonjour la loterie. En 2006, j'ai été appelé sur la dernière ligne et l'an dernier carrément le dernier. Pour revenir aux premières loges, je dois donc produire un effort que les autres peuvent s'éviter et la course peut se jouer déjà là. Mais cette année, j'ai été appelé en 2ème position et là j'ai compris que je pouvais enfin avoir un gros espoir. 45 coureurs de 10 nationalités au départ. Ca s'annonçait plutôt bien. Dés le départ donné, je me place en première position mais j'ai un problème de dérailleur qui ne veut pas redescendre et je me retrouver en 3ème place. Rien de bien grave. A la sortie de la première partie de sable je suis dans la roue d'un français et j'ai du mal à passer, ce dont profite un hollandais pour prendre 50 m. Je me trouve un peu "diesel" mais j'ai de bonnes jambes donc je ne m'affole pas. Sauf que les gars qui sont derrières moi prennent des risques pour passer à tout prix et je dois éviter absolument la chute donc je me retrouve 5ème à la fin du premier tour. Un petit sprint et je me repositionne en 3ème place, juste derrière un espagnol que je ne tarde pas à dépasser et me voila 2ème. A la fin du 2ème tour, je suis en seconde position et toujours avec 20 secondes de retard sur le premier. Et en cyclo-cross ça compte 3 ou 4 fois plus que sur route, d'où un retard très important. Et je commence à douter de mes facultés pour le refaire ce retard. Sauf que dans le 3ème tour, je reprends 7 à 8 secondes et là gros coup d'accélérateur, moral à bloc, je me dis que ça peut le faire. Mais j'ai quand même le Champion de Belgique qui est à mes trousses avec 30 à 50 mètres de retard. Donc, pas le droit à l'erreur. Au 4ème tour, je mets la "gomme" et je reviens à l'amorce du dernier tour dans la roue du premier mais je suis gêné par un "doublé" et je reperds une dizaine de mètres. Et je me dis que je vais refaire ce retard facilement sur le goudron de la ligne d'arrivée. Erreur, le premier se remet "à visser" et il me prend 30 mètres. Une excellente relance de sa part à la sortie de la partie de sable et un sprint sur la plage et je me retouve à 50 m. Et là, petit passage à vide sous le casque et je joue maintenant pour la 2ème place mais avec 30 m d'avance sur le 3ème, je n'ai aucune marge d'erreur. Et je me bats pour conserver ces 30 m jusqu'à la partie roulante du circuit qui me convient le mieux et je refais l'écart avec le Belge. Mais voilà, en me battant pour préserver la 2ème place, je reviens à moins de 500 m de la ligne à 40 m du premier mais dans la partie la plus favorable pour moi et là le déclic. Tant pis pour la place de 2ème mais je ne veux pas repartir avec des regrets alors je tente le tout pour le tout. Il me faut impérativement revenir à 10 m au plus mal avant les 250 derniers mètres goudronnés si je veux avoir une chance au sprint. Et super, ça marche, je reprends mètre par mètre et dans les 50 derniers mètres sur terre, je tombe déjà les dents de la cassette pour être prêt pour le sprint. Pensez un peu, 10 mètres de retard à 250 m de la ligne pour le titre de Champion du Monde. Dans les 500 derniers mètres, je n'ai fais que me dire "fais le sprint de ta vie, fais le sprint de ta vie...." Plus que ça dans ma tête… On est tous les deux sur la route et le sprint est lancé dés les premiers mètres goudronnés mais sur les 50 premiers mètres justement, je n'en reprends pas un seul et je me dis que ça va pas être bon mais voilà, il se retourne et la j'ai su que c'était bon pour moi, j'ai mis tout ce que j'avais dans les tripes et à 50 mètres de la ligne, je le passe et il s'arrête de pédaler et à sa hauteur, je lève déjà les bras (ce que je ne recommanderais jamais à un jeune de faire mais bon....). Il sait et moi aussi. Il a perdu le titre à 50 mètres de la ligne et moi je suis CHAMPION DU MONDE. Après je vous fais grâce de la suite: podium, cérémonie protocolaire, remise du maillot..... Marseillaise en terre belge, la patrie du cyclocross, ceux qui connaissent la passion et le niveau des belges peuvent aisément s'imaginer ce que cela représente. Depuis, j'ai refais 50 fois la course et je me demande toujours comment j'ai été chercher ce maillot mais je me mets aussi à la place du 2ème, en tête du début à la fin, et lui aussi a du refaire la course et il doit toujours se demander comment ce n'est pas lui le ...CHAMPION DU MONDE. Mais bon, la chance a choisi son camp cette année et tant mieux pour moi. Parce que à 52 ans, quand il passe ce titre devant la porte, il faut le faire rentrer et pas se dire que peut être l'année prochaine.... Mieux vaut tenir qu'espérer. Il y a une vingtaine d'année de cela, il y avait une quinzaine de cyclo-cross dans les Hautes- Pyrénées, seulement 2 l'an passé en FFC, cette saison 5 (2 en FFC et 3 en UFOLEP), alors pourquoi ce maillot ne redonnerais t il pas envie aux clubs d'organiser à nouveau une épreuve de ce type et, comme le fait le TARBES CYCLISTE COMPETITION, de donner l'occasion aux jeunes de goûter à cette discipline avec des résultats de haut niveau à l'instar des cadets et juniors du TCC ? Quelle joie je me ferais de porter ce beau maillot dans les Hautes Pyrénées. Est ce que cette idée est encore plus utopique que de vouloir gagner un championnat du monde ? Ce sera mon seul voeux cycliste pour 2008. Alain Guinle
Commentaires
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- 1. frederic Le 28/02/2008
qu'un seul mot BRAVO !!!
toutes mes félicitations pour ce titre
tout vient à point a qui c'est attendre et même si vous dites qu'il y a une part de chance moi je dis qu'il y a des années de passion et de travail
encore bravo et merci
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